Historique du Lycée

jeudi 4 août 2022

C’est en 1854 qu’est fondée la première institution secondaire laïque d’Oran, qui devient en 1855 "école secondaire communale" avant de se transformer en 1860 en "collège communal" et être déclaré par décret du 7 mai 1881 "Lycée National". D’abord installé rue Bassano, puis rue de Tagliamento (future rue de Moscou), il se révéla bientôt trop petit pour abriter ses élèves et, en attendant la construction du bâtiment que nous connaissons, il déménagea boulevard Sébastopol dans l’ancien collège de Jésuites qui deviendra en 1887 le Lycée de filles – futur Stéphane Gsell..

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Le bâtiment situé à l’emplacement actuel ouvrit ses portes, à la rentrée d’octobre 1887, à 487 élèves pour atteindre, en 1919, un effectif de 1513.

Lycée 1887

Pendant la guerre de 1914-1948, le Lycée fournit à la France des élèves et des professeurs qui moururent pour la patrie, témoins les presque 300 noms figurant sur le Monument aux Morts de la cour d’honneur et ceux qui ont donné leur nom aux différentes cours.

Le nombre d’élèves n’allant pas en diminuant, le bâtiment fut agrandi dans les années 1930 avec la construction des cours Chevassus, Martin, Levet, Lavergne et de nouvelles classes.

Le Lycée paya encore un lourd tribut (70 anciens élèves) à la patrie pendant la guerre de 1939-1945.

C’est à cette période que par un décret du 18 août 1941, il prend officiellement le nom de Lycée Lamoricière.

Pour décongestionner le bâtiment, qui abritait déjà "l’école des Falaises" ouverte – cour Martin – à l’enseignement primaire, on créa, en 1951, à Gambetta, une annexe à l’emplacement de l’ancienne "institution de filles Mouterde".

A partir de 1957, furent créées 3 classes préparatoires aux Grandes Ecoles : Maths sup-ENSI 1, Lettres Supérieures (Hypokhâgne) Math Spé- ENSI 2.

Après l’indépendance en 1963, le Lycée Lamoricière changea de nom et devint le Lycée français Pasteur. En 1988, il est divisé en 2 (une partie sera lycée algérien). En 2002, par manque d’élèves, il est remis à l’Etat algérien. Dans le bâtiment déserté, des travaux sont entrepris, côté ex-rue Paixhans, où, depuis le 2 octobre 2007, siège le Consulat de France.

Lycée en 1962

Le Lycée connut d’éminents administrateurs :
- le Proviseur Paul Massiéra qui y exerça de 1944 à 1962,
- les censeurs D. Casabianca - surnommé "Barabas" à cause de sa barbe- de 1929 à 1944 et Robert Aubertie - que les élèves surnommaient affectueusement "Mac Arthur" -, de 1949 à 1956.

Parmi les professeurs célèbres y ayant exercé, il convient de citer :
- les historiens Marc Ferro et Pierre Nora, auteur, entre autres, de l’ouvrage "Les Français d’Algérie", très controversé à sa parution,
- le professeur de Lettres classiques Yves Coirault qui consacra une grande partie de sa vie à l’édition critique des "Mémoires de Saint-Simon" (en 8 vol. à la Pléiade) et termina sa carrière professeur à la Sorbonne,
- le professeur de maths Louis Corrieu qui termina Inspecteur Général et est l’auteur de nombreux ouvrages à l’usage des élèves,
- le philosophe Jean Cohen professeur à la Sorbonne après l’indépendance et auteur, entre autres, de deux ouvrages remarquables "Structures du langage poétique " et "Chronique d’une Algérie révolue"...

Parmi les personnalités qui ont été élèves du Lycée, citons :
- le mathématicien Gaston Julia,
- le Général Edmond Jouhaud,
- l’écrivain et homme politique André Chouraqui,
- le pianiste Jean-Paul Sévilla,
- le couturier Yves Mathieu-Saint-Laurent,
- l’évêque auxiliaire de Jérusalem Jean-Louis - Baptiste Gourion,
- les journalistes Léo Palacio, Pierre Bénichou et Jean-Pierre Elkabbach,
- l’écrivain Louis Martinez,
- l’ambassadeur Paul Poudade qui fut chef du Protocole du Président Chirac,
- l’ancien Premier Ministre d’Algérie en 1991 Sid Ahmed Ghozali,
- le philosophe Jean-François Mattéi,
- le cinéaste Jacques Davila qui remporta en 1979 le Prix Jean Vigo pour son film Certaines Nouvelles,
- les acteurs Jean Benguigui , Jean-Pierre Dervieux trop tôt disparu, dont l’unique prestation dans le rôle d’Olivier Desmichels (Nans le Berger) fut très appréciée ,
- le metteur en scène, acteur et réalisateur Bernard Murat
- les champions de natation : entre autres Philippe Fonquernie et Alain Gottvallès lequel, en outre, fut acteur en 1965 et 1967 dans 2 films, Mission spéciale à Caracas et L’homme qui trahit la Mafia, .....
- ….et bien d’autres.

NB : Il a été écrit, à tort, que notre grand écrivain oranais Emmanuel Roblès a été élève du Lycée. En réalité il a fait sa scolarité secondaire au Collège Ardaillon.

PLANS ET PHOTOS DU LYCEE

(Les plans ci-dessous ont été restitués par EricStrullu et André Bernard)

Les 7 cours du Lycée portent le nom de héros de la guerre de 1914-1948 :

- Joseph OLIVA né le 30 novembre 1872 à Oran, ancien professeur adjoint au Lycée, capitaine au 2ème régiment de Zouaves. Tué à l’ennemi à Tracy-le-Mont, le 21 décembre 1914
- Alfred BALLONGUE né le 1 er juillet 1887 à Oran, ancien élève du Lycée d’Oran, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé de Mathématiques, professeur au Lycée d’Oran, mobilisé en qualité de sous-lieutenant de réserve. Tué à l’ennemi près d’Ypres le 28 avril 1815.
- Félix de PACHTÈRE, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, ancien membre de l’Ecole de Rome, agrégé d’Histoire, ancien professeur au Lycée d’Oran, professeur au Lycée d’Alger, sous-lieutenant au 2ème RMA . Blessé à Kerbeli (Macédoine), il est mort quelques jours plus tard de ses blessures, le 24 septembre 1916.
- Victor CHEVASSUS, né en 1882 dans le Jura, professeur de 8ème au Lycée, sous-lieutenant au 10ème régiment d’Infanterie, mort glorieusement le 28 mars 1917.
- Joanny MARTIN, né le 2 janvier 1880 à Chazelles-sur-Lyon, professeur au Lycée, adjudant au 2ème régiment de Zouaves. Tué à l’ennemi aux Dardanelles le 12 juillet 1915.
- Camille LEVET, surveillant général au Lycée d’Oran, adjudant-chef au 46ème régiment d’Infanterie. Tué à l’ennemi.
- Paul LAVERGNE, né le 26 mai 1881 à Tresserre (P.O), répétiteur au Lycée d’oran, soldat de réserve au 53ème régiment de Ligne. Tué à l’ennemi le 17 mars 1915.

source : Jean-Claude VISDOMINÉ


Commentaires

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lundi 5 septembre 2022 à 16h34 - par  FERNON Jean-Paul

Pour info

Bonjour ,

J’ai une série complète de 12 cartes postales, dont 4 cartes écrites par un enseignant du Lycée de Garçon en 1924 , donnant des informations sur ses collègues et sur la ville . Cet enseignant, le professeur Louis Genevois , deviendra un biochimiste réputé publiant de nombreux ouvrages scientifiques .

En collant cette adresse dans votre barre de recherches vous pouvez les visionner .

Algérie - LYCÉE DE GARÇONS D’ORAN - Livre Rare Book

Cordialement ,

D.Slitinsky (slitinsky@free.fr)

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mardi 3 juin 2014 à 19h37 - par  FERNON Jean-Paul

Bonsoir,

Pour répondre à votre question concernant la rue Ballongue à Gambetta, il ne serait pas étonnant qu’il s’agisse d’Alfred Ballongue, ce d’autant plus que cette rue est parallèle à la rue de Pachtère commémorant Félix de Pachtère, autre professeur de Lamoricière mort pour la France.
Nous allons essayer de retrouver des photos des 7 plaques qui soient lisibles, car la plupart ont perdu leur dorure et sont difficilement déchiffrables, en particulier celle .... d’Alfred Ballongue (dont nous avons cependant recopié - comme pour les 6 autres - le texte ci-dessus).
Je me souviens très bien des établissements Willems : j’avais en Philo en 1958-59 un excellent copain de classe, André Rubira qui était le fils des gérants de la maison Willems.
Cordialement
JP Fernon

Document joint :  lycee_-_cour_ballongue.jpg
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mardi 3 juin 2014 à 16h46 - par  Ballongue

Bonjour,
Alfred Ballongue est un grand-oncle. Je suis née à Oran.
Je sais qu’il y a(vait ?) aussi à Oran une rue Ballongue : quartier Gambetta.
Est-ce pour honorer Alfred Ballongue, ou pour un autre Ballongue ?
Y a t il quelque part une photo de la plaque Alfred Ballongue qui figurait dans la cour du Lycée ?
Et mieux les 7( ?) plaques ?
Merci d’avance à ceux qui savent : qu’ils veuillent bien penser aux ignorants ...
Je suis aussi descendante des Willems-dont les propriétaires du magasin "PIANOS WILLEMS" : appel aux savants , là aussi.
Bien amicalement,
Michèle Ballongue